Cours d’ECM Premiere A C D E TI – Les syndicats
INTRODUCTION
Depuis l’essor de l’industrialisation, les travailleurs du monde entiers s’unissent pour dénoncer leurs conditions de travail pénibles et humainement dévalorisantes à travers les syndicats. Ce terme désigne une association permanente de personnes exerçant le même métier en vue de défendre leurs intérêts professionnels, matériels et moraux. Ils sont différents des PP car leur but n’est pas d’accéder au pouvoir mais de favoriser le plein épanouissement du travailleur.
I-HISTORIQUE DU MOUVEMENT SYNDICAL
La Révolution industrielle est à l’origine de la division de la société en 2 classes antagonistes ; les bourgeois minoritaires qui détiennent l’essentiel des capitaux et les prolétaires majoritaires qui vivent dans une paupérisation croissante exploités par les riches. Toutes ces injustices vont amener ces démunis à constituer dans un 1er temps des Lobby (groupe de personnes faisant pression sur les pouvoirs publiques afin que ces derniers satisfassent leurs demandes) et plus tard des syndicats pour la défense de leurs intérêts. Le 1er est né en Grande Bretagne en 1868 sous l’appellation de Trade Union Congress. A partir de cette période, les syndicats vont se multiplier dans le reste du monde pour devenir une force réelle de la société. Le mouvement syndical a évolué à travers 3 courants :
– Le courant libéral, il lutte essentiellement pour l’amélioration des conditions de travail et de vie des ouvriers ;
– Le courant Marxiste, il préconise des manifestations violentes, des grèves et des boycottes pour assurer la suprématie du prolétariat ;
– Le courant chrétien, il réclame la collaboration et l’équité entre tous les enfants de Dieu.
II- CRÉATION, RÔLE ET ACTION D’UN SYNDICAT
1-Création
Toute personne jouissant de ses droits civils peut créer un syndicat en respectant la procédure suivante :
– Présenter le statut (dénomination, objet, siège, durée, mode de fonctionnement, liste des membres), les règles d’organisation et d’administration du syndicat à une autorité administrative en indiquant le cadre professionnel et territorial;
– Enregistrer le syndicat auprès d’un huissier de justice ;
– Publier la liste des membres.
NB : Un syndicat peut prendre fin soit par dissolution volontaire prononcée par l’AG, soit par dissolution forcée dans le cadre d’une décision judiciaire.
2-Le rôle des syndicats
Les syndicats remplissent les fonctions suivantes :
– Protéger et défendre leurs membres devant la justice ;
– Améliorer les conditions de vie et de travail des adhérents (santé, salaire, réduction du temps de travail, promotion etc.) ;
– Revendiquer les intérêts professionnels (sécurité au travail, application des statuts particuliers etc.) ;
– Organiser des cours, des tables rondes et séminaires pour améliorer le niveau de leurs membres.
3-Actions syndicales et leurs limites
C’est la loi N° 53/90 du 19 Décembre 1990 qui réglemente les syndicats au Cameroun. Le 14 Aout 1992, le Cameroun adopte le code du travail qui énonce les droits des travailleurs. En outre la constitution de 1996 garantit la liberté syndicale et le droit de grève. Lorsque les droits des travailleurs sont bafoués (baisse des salaires non justifiée, licenciement abusif, non respect du contrat établis etc.), les syndicats ont recours à plusieurs moyens :
– La négociation, le recours à l’inspection du travail, le recours à la justice. Mais lorsque ces moyens pacifiques échouent ou sont jugés inefficaces et inadéquats, les syndicats peuvent utiliser la grève. C’est une cessation concerté de travail par les employés en vue de contraindre l’employeur à satisfaire leurs exigences. Il existe plusieurs formes de grèves :
– La grève générale, qui implique tous les corps de métiers ;
– La grève insurrectionnelle qui vise à renverser le régime en place ;
– La grève d’avertissement pour amener le patron à négocier ;
– La grève sur le tas qui s’accompagne de l’occupation des lieux de travail ;
-La grève du zèle ici, le travail se fait au ralenti ;
– La grève perlée qui consiste à faire trainer le travail par les interruptions volontaires. Toutes ces grèves peuvent être violentes (refus de s’alimenter, séquestration, destruction des édifices etc.)
III- STRUCTURE ORGANISATION ET TYPE DE SYNDICAT
1-Structure des syndicats
Généralement, les syndicats se forment en Union, fédération et confédération syndicale.
– Les Fédérations qui englobent des syndicats d’une même fonction. Elles peuvent être départementale, régionale, nationale et même international. Fédération Camerounaise des syndicats de l’enseignement (FECASE) dirigée par Mbassi Ondoua.
– Les Unions qui englobent les syndicats d’une même localité (département ou une région). Ex Union Générale des Travailleurs du KMER (UGTC) présidée par Moussole Flaubert.
– Les confédérations regroupent les Unions et les Confédérations d’une même tendance. Ex la Confédération des travailleurs unis du KMR (CTUC) dirigée par Essindi Minkoulou Pierre.
2-Le fonctionnement d’un syndicat
Le fonctionnement d’un syndicat est assuré par 3 personnes
– Le tribun est chargé de l’organisation pratique du travail syndical sur le terrain. C’est le leader de la masse qui se distingue lors des mouvements sociaux par son apport constructif.
– Le doctrinaire est considéré comme le cerveau du syndicat. Il est chargé d’élaborer l’action syndicale dans le cadre intellectuel.
– L’administratif s’occupe du fonctionnement du syndicat sur le plan administratif.
3-Les types de syndicats
– Les syndicats des ouvriers, en plus de la lutte pour l’amélioration des conditions de travail, ces derniers visent aussi la création de nouveaux postes de travail, l’augmentation des salaires, la discipline chez les ouvriers et le respect du SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti, 36250 au Cameroun, 150.000 au Gabon)
– Les syndicats patronaux, tel que le GICAM (Groupement inter patronal du Cameroun) ils visent à :
– Venter l’image du patronat ;
– Justifier le système capitaliste ;
– Rechercher l’entente avec les syndicats ouvriers ;
– Lutter contre la réduction du temps de travail ;
– Œuvrer pour une diminution des impôts demandés aux entreprises.
NB : Les syndicats des pays capitalistes sont différents de ceux des pays socialistes. Dans les 1er, les syndicats ne sont pas sous l’emprise de l’État et exerce librement leurs activités, tandis que dans les seconds, les syndicats ne sont pas libres, ils sont sous la direction du parti communiste.
IV- L’ÉVOLUTION DU SYNDICALISME CAMEROUNAIS
L’évolution du mouvement syndical camerounais est similaire à celle des partis politiques. En fait cette dernière obéit à 3 étapes :
a) L’ère du pluralisme syndical (1944-1972)
C’est le décret du 7 Aout 1944 qui autorise la création des syndicats dans les colonies françaises. Les 1ers syndicats vont donc naitre au Cameroun comme des filiales des centrales métropolitaines. Exemple
– L’Union des syndicats Confédérés du Cameroun (USCC) qui est la filiale de CGT créée par M Donat, Soulier et Lalaurie dirigé par Um Nyobe, Charles Assale et Jacques Ngom ;
– L’ Union Nationale des Cheminots du Cameroun (UNCC) ;
– La Confédération Camerounaise des Syndicats Croyants (CCSC).
En 1951, suite à plusieurs divergences mais surtout le désir manifeste d’avoir un syndicalisme plus revendicatif on va assister à la dislocation des organisations syndicales. Exemple l’USCC se divise en 3 syndicats :
– L’Union des Syndicats Autonomes du Cameroun (USAC) de Charles Assale ;
– La CGTC de Jacques Ngom. Dans la partie anglophone un seul syndicat intègre tous les salaires camerounais anglophone, il s’agit de la Cameroon Development Cooperation Workers Union CDCWU).
b) Vers le mono syndicalisme (1972-1990)
Dans le but d’unifier les syndicats, on va d’abord procéder à leur regroupement en 3 centrales syndicales :
– La Fédération des Syndicats du Cameroun (FSC) ;
– L’Union des Syndicats Croyants du Cameroun (USCC) ;
– La West Cameroon Trade Union Congress (WCTUC);
Après l’appel lance par le président de la république Amado Ahidjo en 1972, tous ces syndicats se regroupent en un seul UNTC. Elle est remplacée en 1985 par l’OSTC.
c) Le retour au pluralisme syndical (1990 à nos jours)
Avec le retour au multipartisme et à la liberté d’association de 1990, la loi reconnait aux travailleurs et employeurs le droit de créer les syndicats. Ainsi l’on recense une multitude de syndicats ; le S des chauffeurs de taxis au Cam (SYNCHTACAM), le S national des pharmaciens du Cameroun (SNPC), S national des enseignants et de la formation (SYNAEF), le S national de la communication (SNC) regroupés dans les 3 principales centrales suivantes : la CSTC (Jean Marie Zambo), l’USLC (union des syndicats libres du Cam), la CSIC (confédération des S indépendants du Cameroun).
CONCLUSION
Malgré de nombreuses difficultés à l’édification d’un véritable syndicalisme dans beaucoup de pays, les syndicats sont devenus aujourd’hui une force avec laquelle les gouvernants doivent désormais compter.